Un jeune homme brillant et surdoué, le Rouquin, apprend qu’il ne pourra pas participer à la guerre du Vietnam et se suicide. Alors que sa famille se débat contre le vide qu’il a laissé et se dispute la mémoire du jeune homme, son spectre vient hanter leur existence. Il rôdera parmi les vivants avec une douce fureur, révélant les fragilités de chacun. Sallinger est le tableau d’une famille américaine des années soixante peint avec des ambiances cinématographiques – Koltès disait qu’il écrivait souvent ses personnages pour Brando ou De Niro. Une jeune veuve qui rêve d’être la muse d’un écrivain, un frère narcissique et violent, un père perdu qui a fait la guerre et qui se réfugie dans l’alcool, une soeur qui, elle, fuit dans le rêve avec un ami imaginaire ; des personnages en lutte permanente qui se débattent pour tenir droit et qui se perdent à force de vouloir trouver un sens à leur vie, alors que gronde la guerre du Vietnam. La question se dresse subitement : Pourquoi certains peuvent tuer et d’autres pas ? Née en 2000, la compagnie vaudoise Un Air de Rien – qui a régalé, la saison dernière, les spectateurs du Midi, théâtre ! avec leur Dans ma gorge, dit la lune – a décidé de se confronter au texte de Koltès. Sans en évincer la beauté grave et émouvante, ni les fulgurantes images qui permettent une mise en scène forte et touchante, Sandra Gaudin s’attachera à détecter et à mettre en valeur les situations drôles et détonantes. En effet, Sallinger révèle, souvent avec une ironie sauvage et drôle, nos élans, nos vertiges et nos tentatives d’élévation.