Alceste ne supporte aucune compromission et pourchasse de ses invectives tous ceux qui « ne parlent pas selon leur coeur ». Il est amoureux de Célimène la coquette qui, elle, est à son aise dans les milieux les plus frelatés. On a beau connaître la célèbre pièce de Molière, on est séduit par la version kitsch proposée par Michel Fau qui se met en scène dans la peau d’Alceste – un Alceste démesuré, aussi hilarant que tragique. Prenant à coeur de réhabiliter la dimension outrancière de la pièce, le metteur en scène s’est entouré d’une distribution fabuleuse, Julie Depardieu en tête.
Pas de transposition dans l’ère d’aujourd’hui, comme c’est la mode, mais, au contraire, un ancrage dans le XVIIe siècle à travers des costumes de ce temps-là. Ici, c’est la langue de Molière qui régit les mouvements et les âmes. Il y a bien longtemps que l’on n’avait si bien entendu la comédie, donnée sur un rythme vif et tragique. Cette pièce excessivement drôle garde toute sa pertinence aujourd’hui dans notre société, toujours régie par certains codes et rituels, où l’illusion et les masques dissimulent habilement une vérité pas toujours bonne à dire.